Exposition du 8 octobre au 6 novembre, à la galerie Les Bigotes

Exposition parrainée par l’association des amis de l’art contemporain du musée de Vannes.

A propos de la peinture d’Elisabeth Wadecki

Proust disait « écrire pour éclaircir la vie ».

On pourrait dire de même de la peinture d’E.W. Sa peinture est lumineuse. L’artiste dit avancer sur son chemin, sereinement, partant de rien et vers nulle part, avec comme seule quête, nécessité, cette route, l’acte de créer et d’être présente à la vie.

Les traces laissées sont ce que cette artiste recueille de la transformation constante de la nature et de la fugacité des éléments.

L’acte pictural ne relève pas chez elle d’une projection mais elle garde la trace d’une circulation entre sujet et monde.  Au carrefour du temps et de l’espace, elle fixe sur la toile quelque chose des petites bulles décrites par Proust. Sa peinture n’illustre pas elle est la sensation de sa propre réalisation.

Cézanne a apporté à HantaÏ l’assurance que la voie de la peinture moderne consistait dans l’expression par la couleur. La force de la couleur peut à elle seule donner à la forme sa plénitude et rendre compte de la construction du monde. Cézanne lui a également apporté l’évidence que la voie du moderne en peinture passait par l’aménagement de blanc aussi important que les zones peintes et que l’ensemble peint et non peint pouvait et devait s’agencer en un plan respirant dont pas un point ne s’enfonce.

E.W. peut faire sienne cette position picturale. L’espace blanc, « vide » dans la peinture de cette artiste, n’est pas quelque chose de vague ou d’inexistant mais un élément dynamique et agissant. Il est le lieu de non-dits et donc de tous les possibles. Ce « rien » relie l’espace peint à un monde invisible, il vise la plénitude. C’est peut-être un état vers lequel tend cette peinture. Comme l’explique François Cheng dans « Vide et plein, le langage pictural chinois » ce « vide » constitue sans doute le lien par excellence où la forme, la couleur ou le « plein » serait à même d’atteindre cette vraie plénitude.

La peinture d’E.W. provoque une ouverture de perceptions, une sollicitation des sens, outre la vue, où se joue une incorporation du réel, une union entre le corps, le sujet, et le monde qui l’entoure. Partout, le geste de l’artiste semble dans son élan, sa variété, capter les souffles qui animent l’univers. Il s’arrondit, s’allège et se fragmente en touches denses ou fluides, s’effiloche pour mieux épouser l’essence cachée des choses.

Sa peinture garde la trace d’un frémissement à travers le temps, comme si l’œil du peintre n’avait capté que l’essence même du réel, tel un calligraphe qui, dans la vitalité et l’immédiateté de son geste, jette ça et là un jaune moisson, un vert lentilles d’eau, un rose ou un terre-de-sienne d’argile, et prend son envol dans l’espace subtil d’un blanc mat, ou celui d’un bleu crépusculaire…

Où il n’est question que de notre « être au monde… »

https://www.elisabeth-wadecki.com/

 

Elisabeth Wadecki sera présente à la galerie pour rencontrer le public les samedis 9, 16 et 23 octobre.