Bon jour les humain-e-s
Bonjour créatrices et créateurs de ce monde
Un mot aujourd’hui, car j’ai envie de pousser un chant, un appel, un cri. En ces temps perturbés, je veux rappeler l’outil magique que la Vie nous a donné pour accueillir et transformer, manifester et sublimer ce que nous sommes et ce que nous vivons.
Cet outil, c’est l’ART.
Aujourd’hui (plus que jamais?), il est urgent de réintégrer le chant, la danse, la peinture, la musique ou toute autre pratique artistique, dans notre quotidien. Il m’apparait joyeux sinon salvateur de vivre des temps de création chaque jour, si menus soient-ils dans un premier temps. (Ce devrait être le 1er article du décret du 16 mars, je m’en étonne, ils ont dû l’oublier…)
Oui créer pour ne pas seulement survivre 😉
Ou regarder des œuvres qui nous touchent, nous nourrissent, nous émerveillent, nous éveillent, surtout si nous ne pouvons pas contempler la grande œuvre de la Nature printanière.
La peur travaille les corps, en tient certain-e-s, figé-e-s et dévitalisé-e-s. Pour danser avec elle, (et non contre elle car elle a besoin d’être prise dans nos bras d’amour), il y a la pratique artistique.
Oubliez tous les « je ne sais pas dessiner », « il va pleuvoir », « je danse comme un éléphant », tout ce bain de culture qui bien souvent a suffit pour nous écarter de ce qui est naturel, plaisant, vivifiant, joyeux, structurant.
Ce geste n’est pas réservé aux professionnel-les. Personne ne sait mieux que vous quels sont vos traces, vos chants, vos danses les plus intimes.
Créez comme si vous expérimentiez le tout possible, comme un acte de vie essentiel, qui vous viendrait de vos cavernes les plus profondes.
Mais aussi créez en conscience de ceci : entrer dans l’espace de l’art, par un petit chant, un coup de crayon sur une feuille ou en regardant une œuvre artistique, c’est se connecter au monde invisible. En créant, je lui donne corps, je rends visible cette autre part du monde, le subtil, avec lequel j’œuvre en permanence (consciemment ou non) et sans lequel rien n’est complet. Alors, je recrée le Tout, l’UN en moi et dans la matière. Par cet acte, je me ré-unis, je m’unis à mon âme qui a besoin de l’art pour se manifester dans sa forme la plus libre, la plus gratuite.
Pour résumer, en créant, je me crée.
La pratique artistique est sacrée, car « ça-crée », et le sacré est accessible à tou-te-s, est dans toutes les vies et tous les corps.
Alors, chaque jour, un peu, beaucoup, à la folie, créons!
Vous avez un espace dédié, tant mieux. Si vous n’en avez pas, un coin de pièce, de jardin ou de table fera l‘affaire, tout est possible là où vous êtes. Chantez au réveil, en cuisinant, parlez en chantant. Dansez en allant aux toilettes, ou devant l’ordi pendant quelques minutes si vous télé-travaillez. Avec de la peinture ou un simple crayon, ou bien avec les éléments de la nature, tout ce que l’on trouve peut servir et suffire.
Créez seul ou à plusieurs, avec vos enfants qui savent si bien faire. Créer juste pour le plaisir de voir la trace danser sur le papier, sans rien à en dire, pour le plaisir de déposer dans l’air une forme chantée, d’attraper sa casserole en un geste dansé.
Vous êtes dans un appartement de 10 m2, ce sera votre fenêtre donnant sur le monde.
Vous êtes en prison, ce sera l’oiseau appelé “liberté”.
Vous êtes sur un lit d’hôpital sans pouvoir bouger, on peut encore : par l’imaginaire! Imaginez-vous danser, peindre, chanter. Le pouvoir de l’imaginaire est au subtil ce que l’œuvre d’art est à la matière. Imaginer, c’est rêver le jour. Imaginer peut suffire car le corps vit comme réel tout ce que l’on se raconte, nous disent les spécialistes en neuroscience.
Créer pour le plaisir de vous sentir vivant. C’est par le plaisir que la joie recommence à irriguer nos veines et la joie est légitime et précieuse en ce moment. Loin d’être indécents dans ce contexte, ces simples jeux d’art sont les racines de la vie.
Le but ultime de tout cela ? Le redistribuer, éventuellement.
Vous pourriez envoyer cette joie et dédier ces œuvres au personnel des hôpitaux, à ceux que vous aimez, à la planète… À vous d’inventer quelles plantes à arroser.
On ne sait de quoi demain sera fait. Et bien, justement, pratiquons l’art pour reconnecter et sentir notre potentiel créateur, car nous sommes des créatrices et des créateurs de chaque instant, de nos vies, de ce monde et de celui de demain.
Au fait, pour demain, de quel monde rêvons-nous?
Marion Le Pennec