L’exposition « Nos-corps mondes » témoigne des perceptions ou Connaissances récoltées ces dernières années, peinture et vie de l’Être étant de plus en plus intimement mêlées, l’une découlant de l’autre et inversement.

L’artiste est, selon moi, là pour manifester ou rendre perceptible l’union amoureuse de l’esprit et de la matière. Comme l’ont dit autrement P. Klee, il s‘agit de « rendre visible l’invisible » ou F.

Picabia « je ne peins pas ce que voient mes yeux, je peins ce que voit mon âme ».

Me sentant très proche des peintres traditionnels chinois, plus particulièrement taoïstes, je suis sensible à l’idée de l’« influx spirituel » et convaincue que le vide intérieur et l’ouverture des sens président à tout acte, en peinture comme dans la vie.

Espérant retrouver la dimension sacrée de la peinture et de l’acte artistique, mon mouvement plonge dans les profondeurs de l’intime pour atteindre ce trésor nommé « Universel » et ainsi parler de ce qui est au-delà -et en deçà- de l’histoire individuelle.

L’œuvre en noir et blanc nous invitant également à glisser derrière le rideau du réel afin d’accéder à l’essence des choses.

Matériau presque « premier », l’encre séculaire contient l’alchimie du feu. En association avec sa partenaire l’eau, elles incarnent les pôles antagonistes -et pourtant complémentaires- du monde.

Ainsi, sur la feuille se joue la danse d’ombres et de lumière du chemin de l’homme sur terre, cette danse, parfois chaotique, de l’esprit-lumière dans le noir-matière.

Plus qu’un matériau, l’encre noire de Chine est un maître parfait. Elle propose une initiation de chaque instant où la maîtrise du peintre naît de sa capacité à se laisser guider par l’énergie des fluides, ceux-là étant la trace visible du Souffle.

L’exposition présentée à la galerie des Bigotes témoigne aussi de l’émerveillement face au Grand Mystère qu’est la Vie et ce, même au cœur d’une « crise » comme celle vécue cette dernière année.

Y sont rassemblées des œuvres qui expriment, et je l’espère, invitent à la perception du Tout, de l’Un, de la complétude que la forme symbolique du cercle représente et qui rappellent la verticalité de l’axe terre-ciel inscrite au cœur de la structuration de l’humain.

Perché sur la trace-souffle, l’arbre toujours se dresse et enseigne, à qui sait écouter son murmure, la voie de l’Être…